Ouest-France
"Saint-Aubin-du-Perron : La vie de château n’est pas si tranquille"
par Arnaud Le Gall, publié le 28/07/2021

“Hubert Manson ne lâche pas son téléphone. Plus d’une semaine après l’allocution du président Emmanuel Macron, il tente d’obtenir des réponses. Il se demande encore comment il va pouvoir accueillir des mariages, en août, au château du Perron, près de Saint-Sauveur-Villages (Manche). « Le passe sanitaire, ça va être compliqué. Qui fait quoi ? Est-ce notre responsabilité, où celle des organisateurs, c’est-à-dire des mariés ? », s’interroge-t-il, bien qu’habitué à jongler avec les contraintes administratives.
Avec son épouse, Véronique, ils ont racheté la demeure, ses dépendances et son parc de 40 hectares, il y a plus de quatre ans, à une famille anglaise. Ils ont fondé la société Perron event, avec comme objectif de rafraîchir les lieux pour y organiser plus d’événements : « des mariages, des séminaires. Nous voulons aussi faire des salons » , présente Véronique Manson. Quelques groupes scolaires sont également reçus.

Depuis 2016, les nouveaux chatelains n’ont pas chômé. Électricité, peintures, réseaux, cheminées et une partie des menuiseries ont bénéficié, ici et là, de coups de jeune. Aux fenêtres et sur le perron, des garde-corps ont été installés. La moitié des seize chambres et leurs salles de bains ont été refaites. Le cottage a été entièrement rénové, comme l’orangerie. C’est elle qui recevait, par exemple, les apprenties miss Normandie l’été dernier.

Les travaux sont ralentis

Pour autant, les Manson ont encore beaucoup de travail. Et la crise sanitaire a contrarié leur calendrier. « Nous allons moins vite que prévu, parce que nous n’avons pas les rentrées d’argent » , explique le couple, qui vit par ailleurs à Portbail, après avoir longtemps été entre Paris et la Manche. Si les réservations pour des mariages ne désemplissent pas, au rythme de 25 par an, les reports bloquent la nouvelle clientèle. Quant aux salons, ils ne peuvent être proposés cette année.

Le virus n’est pas la seule embûche. Il faut aussi composer avec les normes d’accessibilité et de sécurité exigées pour les sites accueillant du public. Il est souvent compliqué de les adapter à une construction de 1820. « Il n’y a pas de conseil. On vous dit toujours : « faites et on vous dira si ça nous va ». On nous demande aussi des choses qui dénatureraient le château, regrette Hubert Manson. C’est du patrimoine. À peine avons-nous mis les garde-corps qu’on nous demandait de casser le perron pour faire une pente ». « Je ne savais pas qu’il y avait des normes aussi drastiques et parfois contraires. S’il faut choisir, nous plaçons la sécurité d’abord », indique son épouse.

Malgré tout, le couple ne se décourage pas et fourmille même d’idées pour animer le site. Il rêve de faire découvrir le château aux habitants des environs. « J’adore l’histoire et j’aimerais m’y plonger un peu plus », confie Véronique Manson, qui a appris, un peu par hasard, que le domaine avait appartenu au cardinal Davy du Perron, conseiller de Henry III et Henri IV et ami de Ronsard, dont il a écrit l’oraison funèbre. Depuis cette découverte, des roses portant le nom du poète ont gagné leur place dans les jardins.
Saint-Aubin-du-Perron.”